Derrière un besoin maladif de perfection se dissimule souvent un profond sentiment de honte. En devenant exemplaires, nous cherchons à échapper à la critique. Plus nous serons irréprochables, moins nous aurons de chances d’être démasqué.
Réussir sa vie pour mieux fuir sa souffrance
Aux yeux de l’enfant honteux, chaque activité est l’occasion d’entrer en compétition avec son entourage. Son sentiment d’insécurité est si puissant qu’il cherche la moindre occasion de prouver qu’il est le plus fort. Que ce soit en classe ou dans la cour de récréation, il veut toujours être le premier. Pour lui, il n’y a pas de juste milieu. Il est soit le meilleur soit le plus nul. Adulte, il deviendra un obsessionnel du contrôle. Idéaliste forcené, il rêvera sans cesse d’une perfection inaccessible. La moindre approximation prendra à ses yeux des allures de tragédie. Véritable tyran, il se montrera aussi impitoyable avec lui-même qu’avec les autres. S’il lui arrive d’être pris à défaut, il se sentira anéanti par un sentiment de honte dévastateur.
Loin de considérer un tel besoin de perfection comme un obstacle, beaucoup de gens y verraient plutôt une qualité précieuse. Ce type d’exigence est pour eux un moteur ; une force capable de les amener à confronter et à dépasser leurs limites.
Mon propos n’est pas de critiquer l’ambition ou la volonté de se surpasser. Je considère, au contraire, que ces qualités méritent d’être encouragées. Mais pour qu’une telle disposition d’esprit reste saine, elle doit inclure l’acceptation de nos limites. Après avoir donné le meilleur de nous-mêmes, nous devons apprendre à lâcher prise. Il nous faut également apprendre à nous accommoder du caractère inévitable de l’échec. Au lieu d’être accablé par nos erreurs, il serait plus sage de chercher à en tirer des leçons.
Si ma vie est médiocre, celle des autres doit l’être aussi
Chez une personne honteuse, le perfectionnisme débridé s’accompagne souvent d’un besoin irrépressible de dénigrer les autres.
Il n’est pas rare qu’une personne honteuse se sente heurtée par le succès des autres. Il suffit qu’elle apprenne la promotion de l’un de ses collègues pour se sentir dévastée par un tourbillon d’émotions aussi explosives que la tristesse, la colère et la jalousie. C’est que cette réussite vient heurter chez elle une blessure béante : son incapacité à s’affirmer et à se déployer.
Faute de reconnaître ses propres dysfonctionnements, la personne honteuse se focalisera exclusivement sur ceux des autres. Elle leur attribuera toutes sortes de défauts qu’elle critiquera de manière véhémente et compulsive. La réussite de son collègue sera, par exemple, attribuée à sa nature retorse et manipulatrice.
Toute personne qui adopte une attitude intransigeante et excessivement critique devrait immédiatement nous mettre en alerte. Ce comportement est le stigmate d’une honte à laquelle elle n’ose pas se confronter.
Henri s’en va en guerre
Cette critique excessive ne s’adresse pas seulement aux personnes. Elle peut aussi prendre pour cible une institution. Depuis son plus jeune âge, Henri se passionne pour l’armée. Il aime cet univers et attend avec impatience le moment où il pourra s’engager sous les drapeaux. Ses trois jours se soldent pourtant par une déception amère. Le médecin qui l’a examiné ne l’a pas reconnu apte pour le service. Ses rêves de carrière militaire s’écroulent. Henri en est profondément affecté. Ce rejet vient raviver chez lui une blessure inconsciente. Un sentiment de honte déchirant qui le ronge de l’intérieur. Il pourrait se formuler de la manière suivante : « Ce que je suis ne suffit pas. Je ne serai jamais à la hauteur des espoirs que l’on a placé en moi. Voilà pourquoi je suis exclu. »
Humilié, Henri cesse de fréquenter ceux de ses camarades qui ont été enrôlés. Il se lie en revanche d’amitié avec un jeune homme qui à subit le même sort. Petit à petit, Henri prend des postions de plus en plus antimilitaristes. Mettant son intelligence au service de son amertume, il collecte méthodiquement des informations susceptibles de nuire à l’armée. Sa connaissance des aspects malsains de cette institution devient rapidement encyclopédique.
Penser plus pour ressentir moins
S’il était honnête, Henri reconnaîtrait que sa détestation de l’armée résulte de son incapacité à se confronter directement à sa honte. Faute d’avoir le courage de ressentir pleinement sa souffrance, il se perd dans des théorisations acerbes et compulsives. Pour continuer à tenir debout, il doit faire mine de mépriser ce qui lui fait tellement envie.
Jean-Christophe Vidal
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