L’esprit libre de toute pensée parasite, le clarificateur se centre complètement sur son coaché. Il est donc en mesure de repérer les plus fines nuances de son expression verbale et non verbale. Je préfère ne pas insister ici sur le langage non verbal. Ayant déjà fait l’objet de nombreuses études, ce sujet est bien connu du grand public. Je me focaliserai donc aujourd’hui sur ce que la Clarification appelle les « scories verbales ». Ces bugs se divisent en quatre catégories : les phrases inachevées, les expressions abstraites, l’emploi de mots familiers ou grossiers.
Un choix de mots révélateur
Nous aurions tort de considérer que ces phénomènes linguistiques sont insignifiants. Ils constituent en réalité des stratégies d’évitement très révélatrices. C’est à ce titre qu’elles nous intéressent. Aux yeux du coach, chacun de ces bugs devient le marqueur d’une émotion. Or, comme le savent beaucoup d’entre vous, toute émotion signale la présence de l’un de ces non-dits qui empêchent le coché d’émerger de ses problèmes. On comprend donc que le coach a tout intérêt à repérer rapidement ces écarts de langage pour pouvoir les exploiter à chaud.
Penchons-nous à présent plus en détail sur chacune des quatre catégories de scories évoquées ci-dessus :
Les phrases inachevées: le silence comme refuge
Le coaché laisse sa phrase en suspend ou l’achève en queue de poisson. Son silence indique qu’il est sur le point d’atteindre une zone d’inconfort. Il préfère alors se taire plutôt que de prononcer le mot de trop. Celui qui le confrontera directement à son malaise.
L’abstraction: fuir le particulier dans le général
En intellectualisant la situation, le coaché reste évasif. Cela lui évite d’aborder certains aspects douloureusement concrets et épineux de son vécu. En séance, Valérie affirme que sa carrière se brise contre un « plafond de verre » pour ne pas avoir à admettre que son chef lui vole ses meilleures idées. Cette abstraction abusive l’empêche de trouver en elle, l’intelligence et l’énergie nécessaire pour résoudre ce problème particulier.
La familiarité: une désinvolture suspecte
L’emploi d’un mot familier peut trahir la présence d’une émotion latente. Si le coaché emploie les mots « gars », « type » ou « énergumène » pour désigner l’un de ses chefs ou de ses collègues, il en dit long sur la qualité de relation qu’il entretien avec eux. Derrière cette désinvolture, on peut voir transparaître du mépris voire de l’hostilité.
La grossièreté: attaquer pour mieux se couper
L’utilisation de la grossièreté présente évidement de nombreux points commun avec celle de la familiarité. Seule change l’intensité de l’émotion sous-jacente.
A suivre…
Les mots et le registre de langue employés par le coaché ne sont jamais neutres. En y prêtant attention, le clarificateur peut l’aider à contacter ses émotions et à verbaliser les non-dits dont elles sont les marqueurs. Consacré à une étude de cas, mon prochain article montrera l’incroyable richesse de ces bugs verbaux.
Jean-Christophe Vidal
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